Ah! J’ai vu j’ai vu!

Ah J’ai vu… J’ai vu ! (complainte de l’homme moderne ?)

J’ai vu les Soyeux de Lyon disparaître. Une profession séculaire dont le savoir était un secret d’Etat, arraché à l’Empire de Chine par Marco Polo, installée en France par Louis XIV, réhaussée par Napoléon, mise en péril par la révolution industrielle, les conflits sociaux des Canuts, concurrencée par les fibres textiles, et sauvée par la haute couture, pour en définitive se réduire à peau de chagrin. Disparition de métiers sans contreparties, savoir-faire repris par la Chine et ses façonniers à bas prix. Et j’ai eu mal.

J’ai vu entre 2004 et 2007 la fermeture des mines de Charbonnage de France, arrêtées non-pas par épuisement des filons, mais par défaut de renouvellement du matériel. La faute des Charbonnages français a été de ne pas provisionner le renouvellement de leurs machines. Ils ont donc travaillé avec des machines en bon état mais vieilles, alors que l’Allemagne modernisait son industrie extractrice, rendant de fait notre industrie non-rentable. Et j’ai eu mal.

Je fais un retour sur 32 ans de désindustrialisation de la France et de l’Europe. Et c’est bouleversant. Et ça fait mal !

J’ai vu l’industrie de la confection et de la mode, force de la France pendant des décennies, disparaître brutalement par le fait d’un accord international de mondialisation des marchés, au profit du Vietnam et d’autres pays à coût encore plus réduit. Mondialisation qui détruit les emplois français, mais aussi et surtout les savoir-faire et les artisans. Et j’ai eu mal.

J’ai vu Manufrance créateur des vélos Hirondelle et les industries manufacturières abandonnées, les vélos CyclesLejeune, Peugeot, Motobecane disparaître au profit de constructeurs standardisés fabriqués hors d’Europe avec de l’acier local, faisant disparaître avec eux les infrastructures et le savoir-faire de la construction acier française. Et j’ai eu mal.

J’ai vu le Marais de Paris, symbole d’un ensemble de professions de la confection, allant du tissus au cuir, capable de sortir une collection entière ou un réassort de fin de saison en une semaine, faisant travailler des armées de travailleurs heureux et compétents, dans des ateliers historiques des Rues du Temple ou du Sentier, disparaître sous la pression judiciaire des nouveaux habitants boboïsés qui ne supportaient plus les bruits des ateliers ni les nuisances des camions et des livreurs et qui poursuivaient ces honnêtes travailleurs à coup d’expulsions ou de fermetures administratives. Paris ne s’en est jamais remis, et ces emplois ne se sont pas réinstallés ailleurs. L’écosystème a disparu au profit des façonniers asiatiques et des transporteurs rapides. Et j’ai eu mal.

J’ai vu certaines rues de Paris être mises à sens unique ou interdites à la circulation automobile lorsqu’elles étaient des lieux historiques de commerce de mobilier d’ameublement, ou de commerce de gros, et les entreprises concernées se délocaliser, d’abord à Gennevilliers sans succès, puis encore plus loins, puis disparaître tout simplement. Au profit des sociétés de vente par correspondance et des marques périphériques revendeuses de produits fabriquées en Asie. Et j’ai eu mal.

J’ai vu des marques de télécommunication française historiques incapables de se renouveler ou de lutter contre des marques exotiques, et renoncer purement et simplement au marché de la décennie – la téléphonie mobile – au profit des équipementiers chinois ou coréens. Et j’ai eu mal.

J’ai vu – au début des années 2000 – le dirigeant de la deuxième marque de bateaux pneumatiques français – pays alors leader du plus grand marché mondial de l’industrie nautique – annoncer fièrement lors d’une réunion annuelle de la Fédération des Industries Nautiques qu’il venait de négocier un partenariat avec la Chine, pour y ouvrir une chaine de production… sans vouloir comprendre qu’il leur donnait gratuitement une technologie qui a permis de fait aux entreprises chinoises de pénétrer le marché européen 4 ans plus tard. Et j’ai eu mal.

J’ai vu des entrepreneurs chinois venir en France, et en repartir avec cette explication « argent trop difficile en France ». Et j’ai eu mal.

J’ai vu la France négocier des accords maritimes internationaux ou bilatéraux comme un débutant, ne comprenant visiblement pas les enjeux de la pêche à Terre-Neuve, les enjeux de la propriété du plateau continental ou plus simplement les enjeux alimentaires et économiques de la pêche normande face aux concurrents anglais ou espagnols. Et la disparition d’un nombre très important de navires de pêche, ainsi que des compétentes humaines, après que Colbert et Louis XIV se soient battus pour créer une industrie et une marine de pêche importante. Et j’ai eu mal.

J’ai vu la France paralysée par un virus, dépourvue de masques chirurgicaux et de gel hydroalcoolique, incapable de garantir un minimum de sécurité sanitaire, au pays de Pasteur ! Et j’ai eu mal. Et je l’ai vu passer des marchés publics en dépit du bon-sens, achetant à tout prix plutôt que de créer des chaines de production locales. Et j’ai eu mal.

J’ai vu les créateurs du numérique quitter la France au profit de Silicone Valley. Et j’ai eu mal.

Je vois aujourd’hui la France perdre son industrie pharmaceutique, à tel point qu’on se trouve en rupture de stock de médicaments de première nécessité, d’antidouleurs ou d’anti-inflammatoires génériques, tout simplement parce qu’hormis l’industrie de la beauté, les industries chimiques pharmaceutiques ont fui la France. Parce qu’on le vaut bien. Et j’ai mal.

Je vois enfin la France paralysée et détruite par une crise énergétique incompréhensible qui met par terre les entreprises françaises au prétexte d’un marché de l’énergie dérégulé qui propose des tarifs incompréhensibles, et la France qui n’a toujours pas appris à investir et à renouveler ses investissements, comme au bon vieux temps des Charbonnages, se trouvant avec des centrales nucléaires en drapeau et achetant l’énergie à un prix inconcevable, hors de tout équilibre.

Pourtant la désindustrialisation de la France n’est pas une fatalité. Des marques se battent, créent de la valeur, recréent un marché. Le vélo a été relancé par Btwin de Décathlon. La coutellerie est sauvée par Laguiole, Opinel, Deejo. Les savoir-faire reviennent. Il suffit de réinvestir, de relocaliser et d’ajouter à la compétence un peu de volonté de vente. Il suffit d’imposer une volonté industrielle. Il suffit aussi de faire confiance aux entreprises. Il ne suffit pas de créer des ministères de la reconstruction industrielle. Il faut libérer les contraintes économiques.

Il faut s’en sortir par le haut! C’est une question de souveraineté. Mais aussi de respect. Au pays de Diderot et d’Alembert, la disparition des industries et la perte corrélative des savoirs doit être considérée comme une catastrophe nationale.

Ariel DAHAN, pour 2kismokton

Politique du logement : une politique de Gribouille

Politique du logement: une politique de Gribouile!

La politique du logement mise en place par le gouvernemant Ayrault et Cécile Duflot ressemble à s’y méprendre à une politique de Gribouille:

  • Annulation de la loi sur l’augmentation de 30% des droits à contruire
  • Prévision incantatoire de 50.000 nouveaux logements

Le projet de loi évoqué par Cédcile DUFLOT pour lutter contre la pénurie, essentiellement en Ile-de-France, prévoit la cession de 930 terrains du patrimoine de l’Etat. Dont 350 en région parisienne. Soit une moyenne de 54 logements par terrain, là où l’on sait pertinament que la moyenne de logements par terrain en région parisienne atteind difficilement les 30 logements, ce qui est déjà considérable (30 logements, signifiant des immeubles de 8 étages ayant en moyenne 4 appartements par pallier, ce qui est loin d’être la norme francilienne, ne serait-ce que pour des questions de hauteur et de droit à construire, précisément).

A Paris, on évoque 59 hectares de terrains cessibles identifiés, qui, pour le ministre du logement, représenteraient 8050 logements.

Calcul : 1 Ha = 10.000 m2. Soit une surface constructible de 59.000 m2.
Or, le plan d’occupation des sols prévoit un COS de 3. Soit pour 1m2 au sol, 3m2 autorisés en construction, surface incluant les oeuvres brutes.
Soit 177.000 m2 de surface habitable.
Soit 2.212 logements de 80m2 (norme pour un logement familial de 4 personnes).

Pour y faire tenir 8050 logements, il faut construire des logements de … 22 m2!

Des studios! Voilà ce que propose Cécile DUFLOT pour lutter contre la pénurie de logements : créer 8050 studios de 22 m2!

Abrogation de la loi sur les droits à construire : Alors que la loi votée l’an passé par le gouvernement Fillon aurait permis d’augmenter de 30% les droits à construire partout en France, y compris en Ile-de-France, ce qui, en passant le COS de 3 à 4, aurait permis à l’initiative privée de multiplier d’1/3 la surface constructible actuelle.

Soyons honêtes, tous les immeubles n’auraient pas été surélevés de 2 étages. Mais les promoteurs auraient pu augmenter leurs projets d’un ou deux étages sociaux, ou, dans une logique de réhabilitation, rajouter un étage aux immeubles collectifs déjà existants.

Et là, soyez certains que les 50.000 logements auraient largement été atteints, puisqu’il a été prouvé que l’initiative privée a permis de créer 100.000 logements!

Car la difficulté pour créer des logements, ce n’est pas le financement, ni la vente. C’est bien le foncier, devenu trop cher car introuvable, ou devenu trop compliqué à construire en raison des règles d’urbanisme qui, le plus souvent, ne servent qu’à préserver une vue.

Jouer les méchantes :Cécile Duflot peut toujours jouer les méchantes en durcissant les obligations des communes de +50.000 habitants, qui doivent augmenter le seul de logements sociaux à 25% en 2025, ou subir des pénalités multipliées par 5, mais si aucun terrain n’existe, on ne voit pas bien comment les logements sortiront de terre! Sauf à faire des hôtels-cabine et à appeler celà des logements. Après tout, le gouvernement Ayrault essaye bien de nous faire passer 8050 studios pour des « logements ».

2kismokton?
Comme d’habitude : du peuple.