Les leçons politiques du mois d’avril
21 avril 2002 / 23 avril 2017 – 15 ans d’écart, et les appareils politiques n’ont toujours pas tiré les leçons qui s’imposent. En terme de gestion des crises politiques, d’union et d’image du candidat.
Déficit de gestion des crises politiques
Le 21 avril 2002, la gauche est éliminée dès le premier tour, grâce à la concurrence (trahison?) de Christine Taubira. Le Front National entre pour la première foi au 2nd tour d’une élection présidentielle. L’impensable est arrivé. Ce n’est pas tant le FN qui a gagné, que la gauche de gouvernement qui a lamentablement échouée. Même Chirac est très faible dans les résultats.
La Gauche de gouvernement a échoué en 2002 parce qu’elle ne voulait pas mettre un nom sur les violences antisémites qui ont ébranlé la France. Elle a jeté sur ces actions son manteau de dédain, refusant les bons termes, minimisant les faits pour ne pas voir l’origine ethno-sociologique de ces violences : l’antisémitisme islamiste des banlieues!
La Droite de gouvernement n’a pas gagné les élections. C’est le FN qui les a perdu, en raison de son plafond de verre. Moins de 8.000.000 d’électeurs. Pas assez pour gagner. Suffisamment pour blesser la France!
La leçon immédiate du 21 avril 2002 était de mettre un terme à ces divisions mortifères. Le PS organisera sa première « primaire » pour désigner Ségolène Royale en 2007. Un candidat très efficace. Et la Droite désignera son candidat logique, ancien ministre de l’économie, ancien ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy. Le débat fut brutal en 2007, mais il a permis de faire émerger deux champions. Et Ségolène Royale n’a pas perdue. C’est Nicolas Sarkozy qui a gagné, contre tous. Ainsi le veut la démocratie.
La leçon de niveau 2 qu’il fallait pourtant retenir, au-delà des divisions d’appareil, c’est la manière dont les gouvernements traitent la violence et ce qui est ressenti par les français comme un danger. C’est la trop grande distance qui existait en 2002 entre le gouvernement et le peuple. Un comble pour un ancien trotskiste! C’est clairement Lionel Jospin qui a perdu en 2002. Fortement aidé par Martine Aubry et par Christine Taubira… Son aile extrêmophile!!! Pour s’être trop déphasé des préoccupation réelle des français : sécurité, pouvoir d’achat, emploi.
La Gauche de Hollande nous a refait le coup. Elle a gagné face à un Sarkozy usé par 4 années de crises économiques. Mais un président qui n’a pas défailli dans sa démarche: reformer la France et lui permettre de se remettre debout.
La gauche de Hollande s’est très rapidement coupée de sa base, en partant dans une logique institutionnelle ahurissante d’oppression fiscale, et de lutte contre la richesse, là où il fallait lutter contre la pauvreté! Comment peut-on se tromper à ce point?
Absence de projets: La Gauche de Hollande et de Valls a perdu sa réélection faute d’avoir su porter le moindre projet d’envergure. On ne reconstruit pas la France en modifiant à la marge tous les pans de l’économie dans une loi poubelle illisible et incompréhensible. On ne reconstruit pas la France en imposant des modifications du contrat de travail contre les organisations syndicales, en imposant aux français deux mois de blocage anarchique en plein état d’urgence!
Valeurs: La Gauche de Hollande a tourné le dos à toutes ses valeurs; Il n’est que de voir le nombre de ministres de Hollande qui ont été confrontés à des scandales financiers et judiciaires pendant leur exercice, et contraints à démissionner en attendant leur jugement! Comment peut-on défendre une fiscalisation indécente, et revendiquer pour soi la « phobie » administrative, la fraude fiscale, les comptes à l’étranger non-déclarés, bref la fraude fiscale à grande échelle? Comment surtout peut-on, de gauche, consentir à un tel matraquage fiscal ? La Gauche de Hollande ne méritait pas d’être réélue en 2017.
Au-delà de cette cécité aux problèmes économiques, la gauche de Hollande/Ayrault/Hamon/Valls est restée dans la même anosognosie face aux violences communautaristes. Seul Valls a réussi à maintenir un semblant d’autorité dans cette cacophonie de « pas d’amalgame »… Qui peut croire sérieusement que l’origine ethno-sociologique des nouveaux criminels qui ont endeuillé la France n’est pas un fait politique qu’il faut prendre en considération? Qui peut décemment penser pouvoir dissimuler l’origine sociale de ces terroristes, allant jusqu’à cacher leur nom pour éviter de désigner trop vite leur communauté? Ce refus de voir la réalité relève de la même logique qu’en 2002. Lionel JOSPIN n’a pas voulu voir la vague d’antisémitisme d’origine communautariste musulmane. Il a au contraire incité à la monté du mouvement des « indigènes » et au phénomène de repentance anticolonialiste, attisant le communautarisme.
François HOLLANDE a commis la même erreur, fortement aidé par l’idéologiste Taubira à la justice, qui a refusé de sanctionner la violence, et prôné la liberté pour les criminels. Sans comprendre que la France a besoin d’un sentiment de sécurité, avant même que la Justice passe!
Avoir ainsi favorisé le délinquant, et très souvent le délinquant communautaire, contre la population française ne pouvait avoir qu’une seule conséquence prévisible : la monté des extrêmes, ou l’extrémisation des populations sensibles. C’est comme celà que l’ensemble des mouvements d’extrême-gauche s’est trouvée noyauté par l’extrême-droite, et qu’on a refait le lit du Font National.
La Gauche n’a rien compris. Au moins pensait-on, la Droite avait compris le problème. Que nenni. La guerre des chefs a eu lieu pendant 4 ans. Pour aboutir à l’organisation d’une « primaire de droite et du centre » dont on a vu les conséquences! Ce ne fut pas le meilleur. Ce fut le moins pire!
Ballotage entre l’ancien premier ministre repris de justice repenti, le président sorti poursuivi par la justice, et le sourcilleux au passé judiciaire vierge. Vierge mais pas farouche, comme l’a montré la suite. Son comportement vénal a été une réelle problématique, pour la Droite, pour la Présidentielle et pour la France entière en définitive.
Comment l’appareil électoral de la Droite a t’elle pu laisser F.FIllon se présenter alors même que son discours devenait inaudible? Sans préjuger de sa responsabilité pénale, qui n’apparait pas nécessairement engagée, il était évident que son comportement, sa manière de se défendre, les faits eux-même plaidaient contre lui. Qu’il parvienne à recueillir 20% des suffrages est déjà un miracle. Il a su maintenir son noyau le plus soudé. Mais il ne pouvait plus convaincre.
La femme de César ne doit pas être soupçonnée. C’est une constante depuis la création de la démocratie. Il aurait fallu se séparer de F.Fillon avant le dépôt de sa candidature officielle et présenter un candidat vierge.
Leçons du 23 avril 2017
Quelles leçons tirer du 23 avril 2017? J’en vois deux:
La première, c’est la nécessaire honorabilité du candidat: Celà va de soit dans toutes les autres professions. Mais visiblement pas en politique. Si les Républicains avaient fait leur travail, ils n’auraient pas pu retenir comme éligible une personne ayant un comportement à risque politique, fut-ce un risque moral.
La deuxième, c’est la transparence économique absolue. Macron n’a jamais été inquiété car tout était transparent. Il n’a jamais eu peur de la moindre révélation.
La troisième, c’est qu’il faut toujours un plan de rechange. Il n’y a pas de honte à prévoir une doublure, un suppléant. Si le rédacteur de la charte des Primaires avait fait son travail il aurait anticipé le risque de voir son candidat empêché.
La dernière, c’est que la société a évolué. On n’accepte plus aujourd’hui les comportements amoraux d’autre foi. On ne peux pas prôner la dureté économique, tout en s’attribuant les largesses de la République. Le statut et la rémunération des hommes politiques sont à revoir en totalité. A défaut, on se coupe de la société française.
La défaite de la Droite du 23 avril n’était pas inéluctable. Les élections présidentielles lui ont échappé simplement parce qu’elle n’a pas tiré les leçons de l’évolution de la société. Les conséquences de cette faillite politique sont redoutables : après 5 ans inutiles sous Hollande, va s’ouvrir une nouvelle période de 5 ans, pour laquelle aucun programme n’apparaît clairement dessiné. Aucune majorité législative ne se dessine réellement. Le risque est donc d’avoir un Président en opposition avec sa Législature. Une cohabitation institutionnelle de 5 ans? Impensable!
Ariel DAHAN
pour 2kismokton