Aura-t’on une famine économique en Europe?

Famine dans un champ de blé, création automatique FOTOR.COM pour Ariel DAHAN. Droits réservés

Aura-t’on une famine économique en Europe? C’est à dire une famine induite par des cause exogènes, indépendantes des conditions de production agroalimentaire? L’Europe est une région de cocagne et il est invraisemblable d’envisager une disette en dehors de catastrophes climatiques. Et pourtant!

L’Inflation indécente qui s’est installée depuis deux ans en France et en Europe sous le prétexte de la guerre en Ukraine et les sanctions contre la Russie, les pénuries de fourniture en blé et céréales, puis le renchérissement de l’énergie à des niveaux incontrôlés, puis à présent la fermeture temporaire de la route maritime de Suez, depuis les attaques des terroristes yéménites Houthis, invite à s’interroger sur la capacité de l’Europe à survivre, et sur sa résilience économique vivrière.

Cette inflation n’est pas mécanique, les professionnels l’ont dit à plusieurs reprises. Elle n’est pas liée strictement aux surcoûts de production induits temporairement par une hausse du coût de l’énergie, laquelle hausse a d’ailleurs été effacée par la production d’énergie nucléaire.

Elle touche tous les produits alimentaires:

  • Le blé, première matière première touchée par la guerre Russie/Ukraine en raison du pillage des stocks de blé par la Russie,
  • Le pétrole et le gaz, matières premières fournies par la Russie avant guerre, et dont le prix a augmenté sans corrélation réelle avec les règles de marché,
  • Les laitages, qui subissent et absorbent deux augmentations : celle du blé nécessaire à la nourriture des bêtes, et celle de l’énergie nécessaire au chauffage et à l’exploitation des bêtes et du lait;
  • La viande, qui subit l’augmentation des céréales fourragères
  • Les légumes, qui subissent l’augmentation de l’énergie requise pour chauffer les serres ou récolter;
  • La pèche, qui subit immédiatement la hausse du coût de l’énergie

On lit dans les médias et on voit dans les magasins un grand nombre de citoyens qui ne peuvent pas financer leurs dépenses alimentaires quotidiennes.

Et pourtant la France et l’Europe étaient quasiment autosuffisants il y a 50 ans!

Que s’est-il passé pour que nous passions de pays à forte capacité d’autosuffisance, à des pays qui doivent importer leurs ressources fourragères pour nourrir les cheptels laitiers et viandiers?

Est-ce la mort annoncée et attendue de la production agricole productiviste? Ou au contraire la mort anticipée de la production agricole vertueuse éco-responsable de faible niveau de production? Je l’ignore. Je constate simplement que l’Europe n’est plus capable de produire de quoi la nourrir et qu’elle ne dispose en réalité que d’une très faible capacité de résilience économique et vivrière.

Quand on songe que

Labourage et Pâturage sont les deux mamelles de la France!

Maximilien de Béthune, Duc de Sully, Ministre des Finances de Henri IV

Que Sully et Henri IV ont reconstruit la France autour précisément de ses capacités vivrières,

Quand on sait que la Révolution française a commencé en partie en raison d’un état de famine, en raison d’une conjonction imprévisible de récoltes désastreuses, d’une crise économique laissant dans la rue les premiers chômeurs prolétaires, et voyant un quasi doublement du prix du pain à Paris,

Quand on sait que l’Inflation en Allemagne subissant les condamnations de 1918 est la cause économique de la 2ème Guerre Mondiale,

Quand on se rappelle les émeutes de la faim de 1947,

Quand on se rappelle plus prosaïquement le coût de la révolte des Gilets Jaunes, causée par la hausse de l’impôt sur les carburants,

les possibilités de troubles politiques à venir font juste frémir, et je ne comprends pas que le Gouvernement Français ne soit pas plus interventionniste pour libérer les français des contraintes qui pèsent sur le pouvoir d’achat.

  • En ne sortant pas du marché unique de l’énergie, et en dénonçant les producteurs virtuels qui font des marges indécentes pour une simple prestation financière sans aucun investissement productif;
  • En ne contrôlant pas les conditions réelles de la fixation des prix des produits alimentaires dans la grande distribution

J’aimerais conclure d’une pirouette, mais le temps n’est pas à se moquer. Hélas, c’est bien de vous lecteur et citoyen qu’on se moque encore et toujours!

Ariel DAHAN

Pour 2kismokton