Tarification progressive de l’énergie : premier jet du projet de loi

Le premier jet de la proposition de loi du groupe socialiste sur la tarification progressive de l’énergie vient d’être publiée. Mal de tête assuré! D’autant plus que – vu le projet – il n’est pas certain qu’il soit applicable avant … janvier 2015… De quoi y renoncer deux ou trois fois?

1- Obligation de déclaration des informations relatives au mode de chauffage de la résidence principale: Le PS  opte pour la voie fiscale en créant une obligation de déclaration annuelle, dans le cadre de la déclaration annuelle de revenus, du mode de chauffage de la résidence principale. Ce qui tend à transformer la consommation d’énergie en un prélèvement parafiscal, s’agissant d’une déclaration obligatoire, dont l’irrespect serait sanctionné par une peine particulièrement lourde : 6 mois d’emprisonnement et 50.000 € d’amende! Du jamais vu en la matière! (a.L 230-1 nouveau du Code de l’énergie et a.L.230-12 pour la sanction pénale).

2kismokton!

2- Transmission des informations de personalisation tarifaire : Il est prévu que les informations de personalisation tarifaire soient transmises aux fournisseurs d’énergie par les administrations fiscale et sociale… ce qui supposera une base de données numérique croisée entre une base gérée par l’administration publique, et une base commerciale gérée par une entreprise privée. Les risques de dérive de cette base sautent aux yeux. Surtout si l’on se rappelle le bug des centres des impots qui ont envoyé en 2009 des feuilles d’impositions erronnées, ou celles du voisin… (L.230-5 C.Energie)

La quantité d’énergie de base va dépendre de la résidence concernée, du type d’énergie utilisée, en fonction de la zone climatique et du nombre de personnes domiciliés au foyer fiscal. Or le foyer fiscal n’est qu’une donnée arbitraire et administrative. Rien n’interdit un individu de déclarer à son domicile fiscal une personne pourtant absente pendant l’essentiel de l’année. Ne serait-ce qu’en terme de besoins d’eau chaude sanitaire… Gageons que des ancêtres vont rester domiciliés fiscalement au foyer de leur enfants…

Autre idée choquante, c’est cette idée stalinienne que l’Etat pourrait calculer un « besoin » énergétique individuel de base, en éclairage, électroménager, eau chaude sanitaire, chauffage… (L230.2 C.Energie). Suis-je le seul à m’offusquer?

Les immeubles collectifs à chauffage collectif se verront également attribués un volume de référence. Or, dans ces situations, les habitants ne seront pas tous égaux: Certains surchauffent leur appartement et laissent leurs fenêtres ouvertes. D’autres se calfeutrent et maintiennent le chauffage à 17° toute la journée. Mais tous subiront une consommation lissée, qui profitera aux prodigues et sera suppotée par les éco-responsables. Et cette inégalité n’est pas gérée.

3- Un échelon intermédiaire inutile : Il est prévu que la transmission des informations fiscales servant de base à la tarification pourra être déléguée à un organisme délégué à cet effet. Où se trouverait l’économie, puisqu’il faudrait alors créer un nouvel organisme, sur une base au moins départementale, lui faire embaucher un nombre assez important de salariés, très probablement sur une base intérimaire, le temps de la saisie des données et de la retransmission. Au bas mot, pour les 103 départements français, en comptant les départements d’outre-mer, un minimum de 2.000 salariés intérimaires supplémentaires outre les 200 ou 300 permanents qui ne manqueront pas de s’installer dans des locaux qu’il faudra également rémunérer sur fonds publics. A moins que le coût de la collecte de ces informations ne soit refacturé aux fournisseurs d’électricité qui pourront alors le répercuter en transparence sur les consommateurs finaux!

Précisément, les frais de gestion du fonctionnement des comptes bonus/malus seraient supportés par la Caisse des Dépôts et Consignations, qui collecte les excédents nets des bonus/malus perçus par les fournisseurs d’énergie, et comble leurs déficits nets de bonus/malus. Ce serait charitable si la CDC ne facturait pas ses frais de gestion. Or, les frais de gestion seront facturés par la CDC ainsi que par le nouvel organisme parasitaire servant de coursier amélioré entre l’administration fiscale et les fournisseurs d’énergie. Ces frais seront supportés par le solde positif des malus payés par les consommateurs. Autrement dit, les malus de tarification qui vont être instaurés ne vont pas servir à mutualiser le coût de l’énergie, mais dans une partie importante à financer le fonctionnement de ce système! Une taxe pour financer le prélèvement de la taxe! C’est juste aberrant!

2kismokton!

4- Droit à déduction des mauls en base du loyer : Le seul point positif de cette proposition de loi se trouve dans la possibilité qu’aura un locataire qui vient à subir un malus trop élevé en raison de l’état énergétique de l’immeuble loué, de déduire ce malus du montant du loyer facturé! (a.L 230.9 C.Energie)

Encore que le caractère positif de cette disposition reste très mesuré! Si cette disposition est supposée permettre de contraindre les propriétaires de lutter contre les logements insalubres, je m’interroge néanmoins sur la problématique de la modification fondamentale de la relation locataire/bailleur, l’Etat s’invitant au contrat signé dans des conditions bien complexes, donc toujours source de conflits. D’autant qu’un bailleur qui voit son loyer diminué n’est pas incité à entreprendre des travaux importants…

5- Dénonciation des sur-consommateurs : La disposition la plus inique à mes yeux : l’article 6 de la proposition de loi prévoit que le fournisseur d’énergie pourra prévenir l’ANAH (Agence Nationale de l’Amélioration de l’Habitat) lorsqu’un foyer bénéficiant d’un tarif social (donc subventionné) viendra à avoir une consommation « excessive par rapport aux volumes de base auxquels ils ont droit »! Ainsi, les « cochons de pauvre », parce que bénéficiaires d’un droit à énergie subventionnée, ne seront pas autorisés à dépasser leur forfait quitte à en payer le prix.

Une solution existe pourtant pour parer à cette problématique : le retour au tarif à taux plein dès dépassement du forfait, situation que savent très bien gérer les fournisseurs à abonnement!

Violation des droits des individus? Définitivement, la proposition présentée par le groupe PS n’est vraiment pas respectueuse des droits de l’individu. Elle nous fait régresser en pleine économie dirigée, voire sous certains aspects en pleine économie stalinienne avec bons de rationnement et dénonciation des comportements non-conformes !

2kismokton?

 J’en suis persuadé, c’est de tout le peuple français.
Vivement la Révolution!

Energie et tarif social : projet de loi usine-à-gaz et inefficace

Le gouvernement Ayrault a déposé son projet de loi à l’Assemblée Nationale. Un projet visant à aider les catégories sociales défavorisées, pour diminuer la part de l’énergie dans leur budget habitation.

 Idée intelligente au départ, teintée d’écologisme s’il s’agissait d’y joindre une meilleur isolation des masures, le projet risque de tourner à la farce socialiste d’une université d’été ou à l’usine à gaz sioviéto-ukrainienne! 

Explication rapide: Le projet vise à diminuer de 3 à 10% le tarif de l’énergie (électricité ou gaz de ville, mais aussi les énergies hors réseau telles que fioul domestique, bois, charbon ou gaz en bouteille) une partie de la consommation de chaque ménage. Une partie seulement, et pas « toute » la consommation. C’est là que les athéniens s’attegnirent!

Cette partie de consommation « subventionnée » correspondra à ce que le gouvernement considère être « le besoin de base » de l’hommo-socialicus. Besoins de base en chauffage, en cuisine et en lumière.

Le projet prévoit 3 niveaux de besoins, selon le nombre d’occupants et la zone géographique. On imagine aisément qu’on se chauffe plus à Arras qu’à Nice! Mais comment déterminer le besoin de chauffage d’une famille de 5 enfants dans un 2 pièces par rapport à une famille de 2 enfants dans un 200 m2? Les rumeurs autour du texte du projet, qui n’a toujours pas été rendu public à ce jour par l’Assemblée Nationale, permettent de tout imaginer.

Une fois la consommation « de base » dépassée, tout le reste deviendra de la consommation « de confort », et de « luxe » qui, si elle n’est pas subventionnée, sera en revanche facturée plus cher qu’elle ne l’est actuellement! Manière de faire passer une augmentation des tarifs en ayant l’air de faire un cadeau aux plus pauvres!

Certains ont le mot pour rire. Mais au Gouvernement Ayrault, Ils ont la dialectique qui tue!

Jusqu’à présent, toutes les personnes interrogées (hormis François Bottes, président PS de la commission des Affaires économiques à l’Assemblée Nationale, mais on s’en serait un peu douté) est contre ce projet:

Les écologistes, qui réclamaient une tarification différenciée dans un but de maîtrise de la ressource énergétique, considèrent qu’une consommation subventionnée sans travaux d’isolation, c’est contre-nature.
Les économistes voient déjà les effets d’aubaine des propriétaires des résidences secondaires, qui diminueraient drastiquement leur consommation de base les 3/4 de l’année. Une résurection du tarif « résidences secondaires » qui a eu existé, et qui permettait un tarif ridiculement faible 10 mois dans l’année et un tarif plein pendant les 2 mois d’été!

Le plus simple eut été d’élargir les tarifs sociaux de l’énergie. Et d’y mettre comme condition des travaux d’isolation imposées aux propriétaires des logements bénéficiaires de ces tarifs sociaux. Avec une déductibilité fiscale éventuelle.

Mais c’était visiblement trop simple, et pas assez polémique!

2kismokon?J’ai bien une idée. Et vous?